Ténacité, régularité, volonté d’application, exigence au quotidien: Yohann Coyet étonne. A le regarder faire, tout parait si facile. Alors quelques confrères essayent de le copier, se disent « moi aussi ». Mais il a un secret… de polichinelle: ne pas tomber dans le piège de la facilité balnéaire, éviter les chausse-trappes et contourner les défauts d’un quotidien trompeur. Notre ancien élève du Lycée Saint-Louis à Toulon est bien entouré. Son chef tient la barre haute, et Mélanie Coyet veille sur une étonnante salle dont la récente décoration en ferait presque oublier le niveau de cuisine. C’est vous dire si c’est beau. Le genre d’ambiance qui me calme Mauricette: elle rêve souvent à des ailleurs exotiques. Et moi qu’elle y soit… Bref! Comme à son habitude, la carte du moment propose du bon, entre classique indétrônable et saveurs d’ailleurs… filet de bœuf Angus au lard de Colonatta, tartare de bœuf à l’orientale, spaghettis façon Carbonara revisitée, risotto à l’encre de seiche, filet de loup de Méditerranée en croute de champignons des bois… Pendant que la dame au chapeau vert, des étoiles plein les yeux rêvait de Copacabana en sirotant un cocktail Pina Colada, opération « truffe » pour bibi! Hein? Une friandise qui me picote la couenne tant c’est bon: « bruschettina mozzarella buratta à la truffe ».
Tartine de pain grillé grassouillette avec dessus une burrata (la mozza crémeuse), chips de topinambour, un peu de salade verte avec légume mandoliné. Un coup de moulin et ping! 15,5/20! Suit le savoureux « pigeon & purée de pomme de terre à la truffe, jus de cuisson corsé ». Rien de tel que la cuisson du pigeon pour évaluer le cuisinier. Petits légumes de saison vifs pour tonifier l’ensemble. Un méga-classique de la cuisine bourgeoise. 15,5/20. La dame au chapeau vert termine sa pina colada sur « red curry de noix de St-Jacques au lait de coco, noix de cajou, riz thaï ». Quand je vous dis qu’elle rêve d’ailleurs la fillette qui chausse du 47! Bol qui fume et sent très bon, St-Jacques fraiches et bretonnes (hé oui mes cocos), des bricoles au fond, riz à part qui participe à la fiesta. 15,5/20. Impasse sur les desserts, sur le pain perdu Nutella-banane, sur le nem au Toblérone, sur la tarte au citron meringuée de Sophie… faut pas nous en vouloir. Service tout sourire presque juvénile et à l’aise, soucieux du bien-être de la clientèle. Carte des vins pour découvrir les Pouilly-Fumé et Sancerre en blanc, Châteauneuf du Pape et Saint-Julien en rouge. Du sérieux régulier et qui dure, comme j’aime. Et je ne suis visiblement pas le seul!