Soleil Rouge

Le couple a repris depuis presque un an cette adresse.

Sans jouer les psychologues de fêtes foraines, on peut dire que ce couple n’a pas la frime débordante, pas envie de tintamarre à son endroit, ni envie d’en découdre avec les guides. A tel point discrets les restaurateurs Cyril et Camille Sotgia, que je n’ai pas bien saisi où nos trentenaires avaient fait leurs classes dans le métier. De jolies maisons, c’est sûr. Figurez-vous que je m’y suis pointé la truffe affamée un jour de décembre et que malgré un emplacement que les champions du marketing qualifieraient de suicidaire pour les affaires, la jolie boutique était remplie de clients contents comme tout d’y être attablés. Un service avec du rythme, des habitués du midi nez à nez à papoter, des VRP jouant les Indiana Jones qui scrutent la zone à la recherche du client perdu, des fonctionnaires venus en voisin à l’air un peu blasé, des employés de banque avec des tickets-resto bref! Un restaurant (surtout) du midi puisqu’ouvert du lundi au vendredi de 9h pour le café-croissant à 17h pour le chocolat-brioche. Un plat du jour à 10€ est collé à une formule dont j’ai oublié le prix. Et une carte pas bête pour qui gratte, cherche la p’tite bête. J’ai gratté et j’ai trouvé le cuisinier: crumble foie gras et pomme à la cannelle. Tartare de bœuf préparé. Burger raclette viande bouchère poêlée, bacon et oignons. Truite à la faveur de l’automne et… « magret de canard aux fruits secs déglacés à la noix St-Jean, abricots secs et noisettes ». Un petit miracle!

Magret entier rosé, sauce crémée travaillée du diable, fruits secs épatants d’appétence. Garnitures patates fromagée et savoureux flan de légumes. J’ai saucé en applaudissant, ou l’inverse, allez savoir! 15/20. Pour voir (je n’ai plus faim) « tarte aux poires chocolat ». Comme beaucoup de cuisinier pur, la pâtisserie est courageuse mais n’amène que peu de frissons, encore que. Un côté dessert de grand-mère, boule de glace en prime, 14/20. La carte des vins ne vous laissera aucun souvenir: il n’y en a pas! Une seule référence! En même temps, le restaurant n’est ouvert que le midi en semaine encore que, si vous demandez gentiment et que vous êtes suffisamment nombreux, la direction ouvrira ses portes rien que pour vous, le soir ou le ouic-end. Dingue, cette ville de Manosque. Faut aller gratter dans une zone industrielle pour trouver une assiette sérieuse qui ne se moque pas du client. Probablement que ce chef possède dans sa besace à recettes des idées encore plus intéressantes que celles proposées aujourd’hui. Question de lieu.