Il faut souligner deux vertus essentielles de la seconde boutique d’Anthony Lopez, après « la Farigoulette »: le produit frais et le (véritable) fait maison.
Pour le reste, rien ne justifie une telle tarification sinon l’emplacement touristique. Le café à 2,5€ comme un symbole. Alors je sais bien que ceux qui font fortune dans la restauration sont les bailleurs de fonds m’enfin quand même. Et puis le bailleur de fonds, il n’y est pour rien si des deux serveuses et du directeur, aucun ne cale ma table après avoir pourtant bien observé le phénomène. Elle « je reviens vous caler ça ». Lui: « oh ben on va changer les tables, elles sont pas pratiques » et pfffuit! Le monsieur est infiniment plus ardent à vendre des boissons qu’à caler les tables. Du coup, pas pris de boisson. Mais mangé un menu à 32€ (quand même) sur une micro-table de 50 centimètres de côté particulièrement branlante en plein courant d’air avec des serviettes en papier et avec la sonnerie de téléphone qui ressemble à une alarme de caserne de pompiers. Attendez, j’ai pas fini. Chaque fois que quelqu’un passe devant ma table, ya une latte du plancher mal fixée qui fait un malaise vagal et fait bouger ma table, comme si elle en avait besoin. D’un épuisant. Bref: la table pourrie, je l’ai eue. Cela dit, bravo pour la cave cossue et les sourires des demoiselles. Le monsieur sourit moins. Et même pas du tout dans sa raideur un tantinet septentrionale. Carnet à la main et stylo aiguisé, à la façon d’un contremaitre en blouse blanche dans l’usine Berliet de Vénissieux (69) dans les années 70 devant l’ouvrier en sueur sur sa chaine, il me demande: « alors on mange quoi? ». Un peu après il me fait les gros yeux: « faut commander le dessert ». Il finit par un solennel « et on boit quoi? ».
Entame avec « tartare de bœuf provençal, siphon mayo-basilic ». Viande préparée livrée dans une gamelle façon poêlon, deux mini gressins, une mignonne salade légumière qui pète la forme. Original et frais, 15/20. Puis « encornets snackés, trois saveurs de riz et piperade au chorizo, jus d’une ratatouille ». Encornet costaud dans une version façon Jules Verne, du gros steak de calamar snacké mais pas assez. Dur par endroit, cotonneux à d’autres. L’assiette creuse chaude tient le riz à température, recouvert de la pipérade un poil confiturée. 14,5/20. Fin avec « savarin imbibé de Manzana, Granny Smith et sorbet pommes vertes » servi dans une grosse verrine. Pas fait du jour! Manzana à l’économie, savarin indubitablement maison (c’est rare) qui se délite. Sorbet pomme qui efface tout sur son passage. 14/20. Ce bistrot sent le savoir-faire en cuisine et la volonté de ne pas se laisser entrainer dans le tourbillon infernal de la prestation pour touristes contents de tout. Les assiettes sortent rapidement pour les enfants, ce qui est délicat. Bonne ambiance entre salle et cuisine, c’est important pour bien débuter la saison, l’été s’ra chaud, l’été s’ra chaud. J’ai bien observé qu’une personne sur deux commande le filet de bœuf à la carte. Dont la table à côté en version « bien cuit ». Difficile dans ses conditions d’en vouloir au restaurateur s’il cuisine pour le plus grand nombre: c’est ainsi qu’il sera en paix avec son banquier.