Un accueil quasi parfait, un décorum d’exception surtout quand on se souvient de l’ancienne « La Grange », une carte avec des propositions simples et bistrotières qui ne cherchent pas à épater le chaland, une cave à vin appliquée, un esprit général tonique doublé d’un alibi culturel: on a bien saisi l’honorable ambition, bravo.
Seulement voilà: la cuisine est à côté de la plaque. Je peux pas dire mieux. Du coup, vu que les tarifs ne sont pas donnés, ça déglingue le rapport qualité prix en même temps que mes illusions. S’approcher aussi prêt du concept abouti est réellement ballot. J’explique: tous les clients (et ils sont nombreux) bénéficient de tapenade et croutons pour patienter. Moi non. Comme d’autres, j’ai pourtant pris un verre de vin rouge à 5€: Pic Saint Loup domaine Hortus d’entrée de gamme vendu 6,5€ chez certains cavistes. A partir de là, tout dégringole. Quelques entrées: salade de chèvre chaud à 13,2€. Tartare de saumon 14,6€. Cuisses de grenouilles persillées, 16,2€. Des plats: linguines à l’encre de seiche à 13,9€. La petite bouille du Plan B 21,6€. Entrecôte 200g à 17,2€… et mon « onglet de bœuf 250g à l’échalote, frites maison et salade ». Assiette froide et viande tiède, onglet bien maladroitement coupé en 3 sur la longueur pour ne pas s’embêter à surveiller la cuisson. N’empêche: trop cuite! Sauce bâclée, transparente, terne. Salade correcte et vinaigrette originale. Mais frites allumettes fraiches vert-jaune pâle d’un seul bain, avachies dans leur bol en alu. A 17,2€ le truc, l’application devrait être de mise. 8/20.
Dessert pour voir. Sait-on jamais. « La mousse au chocolat ». Bien présentée, avec une langue de chat croquante et des éclats de pistache assis dessus ramollis par l’humidité aspirée. Elle n’est pas bonne, cette mousse. Comme au lait, sans générosité mais avec beaucoup de sucre: pas finie. 6,2€ et 9/20. L’équipe est soudée, entre cadre expérimenté et jeunette encadrée. La patronne semble en cuisine, mais fait des aller-retour en salle: elle est très demandée et ne rechigne pas à bises à tous vents! Pour tout dire et après une dizaine de jours d’ouverture, manque juste une cuisine digne du superbe endroit, je vous le dis! Dans de telles conditions enfin réunies, la maison fera un carton dans le canton! En attendant un hypothétique recentrage, cherchez un plan C.