Non content d’avoir su recruté un cuisinier hors-pair, il se trouve qu’Arnaud Soulier le propriétaire est de surcroit sacrément visionnaire. Voilà peut-être la restauration du XXIème siècle: haute en couleurs, époussetée des lourdeurs, joyeuse et dotée d’un rapport qualité prix détonnant. Au début, beaucoup se rendaient au « Patin Couffin » pour son cadre original avec recoins, lumières douces, et son patio intérieur avec le célèbre murier-platane. Mais ça, c’était au début. Car Jean-Luc Nitard pourrait cuisiner à Sedan, sur la Lune ou chez mon coiffeur, une farandole d’accrocs à sa cuisine enchanteresse le suivrait! Telle celle des enfants qui suivaient le joueur de flute de Hamelin des frères Grimm! Ah! Une sacrément délicieuse cuisine créative signée qui sent bon les ailleurs, le frais et le jamais vu. Quand même, cette capacité à savoir associer des saveurs est rare. Dans l' »assiette gourmande » choisie de concert avec la dame au chapeau vert, on se fait des grands écarts avec 9 recettes, du franc tradi à l’asiatique bon teint: yakitori de bœuf à l’emmenthal déglacé à la sauce soja, tartare de thon au Ponzu radis rose et cébettes, daube de poulpe et purée, pattes de King Crabe aux épices tandoori brunoise et eau de tomates parfumées, salade d’algues wakamé, tempura de légumes, une poêlée de shiitake, croustillants de gambas.
Le gout du travail bien fait, un picorage divin à 15,5/20. Mieux qu’intéressantes « fleurs de courgettes farcies à la mozzarella et anchois, tagliatelles de légumes, poudre d’olive Taggiasche ». Joli (le chef est aussi photographe) et fort bon, l’identité propre des produits est conservée dans lA succulente alchimie. 15,5/20. Itou avec ma « raviole ouverte de sauté de veau, tomates, oignons blancs et câpres, espuma de parmesan ». Désarmant de nonchalance élégante. J’ignore comment est fait ce jus, veux pas l’savoir, j’aime la magie. Et avec un sauté de veau, un simple sauté de veau mes cocos. 16/20. La meringue est volontairement souple avec le « pavlova aux fraises, glace Maracuja ». Comme une buratta voyez? Non? Tant pis. Fraises un peu confiturées, parfaites. 15,5/20. Service heureux au rythme du client, pas stressant. Adresse majeure de la ville qui à pas de loup, devient culte. Et comptez pas sur le binôme Soulier-Nitard pour jouer les matadors photogéniques qui se la pètent dans des clubs inutiles de chefs aux egos surdimensionnés qui se caressent dans le sens du poil. Bref! La grande classe.
