Attiré par la nouveauté comme la mouche sur le bout de ton nez, j’ai pointé mes sabots dans ce qui me paraissait être une gentillette adresse bistrotière, aguiché par la lumière sur les beaux verres et la volonté d’ouverture en hiver.
Pas donnée, la proposition de vins est très locale (Alpilles) mais avec un beau choix au verre. Une fois installé, le serveur tente de me faire sentir que la maison est au dessus de la mêlée, pas de menu, pas de ça ici, vous m’avez bien regardé, tenez de la lecture, les plats. Bienvenue à Saint-Rémy de Provence. Au cas où t’oublies, on te le rappelle. Boing. La 1ère idée qui m’est venue quand j’ai vu les tarifs, c’est que le loyer doit être astronomique. 7 entrées dont une burrata à 19€ et un carpaccio de bœuf à… 26€! Ça rigole pas du coeff’! Au rayon des plats, pavé de saumon (de Norvège en plus) à 21€ et un filet de bœuf servi de la truffe noire râpée à 32€. Finissons par les desserts dont aucun n’est vendu moins de 10€.
Nous connaissons quelques tables de très belle tenue qui n’osent pas ce genre de tarification. A toutefois voir les assiettes sortir, on peut dire que les cuisines ne rechignent pas à surcharge cosmétique. Un effort esthétique des assiettes signant la volonté de mettre les formes pour justifier le montant de la douloureuse. Sauf qu’à manger mon « Parmentier de canard confit truffé, foin de poireaux, grattelons croustillants, simple mesclun », on est loin du plaisir attendu en rapport. Grand ardoise démodée avec la salade de feuilles de mâche bien alignée, agrémentée de râpures de légumes à la mode, caquelon fumant du Parmentier à côté. Dessus, quelques copeaux de truffes pour faire riche, une tomate cerise trempée dans la friteuse sur la purée maison et dessous, du gras qui sent fort. Un confit qui baigne dans son gras, non travaillé et brut de décoffrage. Cuisine à peine familiale, du grand banal en habit de kermesse: 26€! Ça décoiffe! Enfin ça déplume vu que c’est du canard! Vive le tir aux pigeons! Et vivement les touristes qu’on remplisse le tiroir-caisse! Enfin bon. 26€ et 11/20.
J’évite soigneusement les desserts par pure radinerie. Avec 380 repas par an au compteur, je préfère investir ailleurs si ça ne vous dérange pas. Par exemple dans un restaurant planqué de la manne touristique et hors des sentiers battus. Bref! Il y a quand même une vraie indécence dans ce genre de prestation culinaire, qui fait perdre tout sens de la mesure au restaurateur, sinon de la mesure de son compte en banque. L’absence de CB confirmant la philosophie de la boutique qui se revendique de la modeuse « bistronomie ».