Si on se fixe sur l’accueil de madame plein d’amicalité et d’énergie dont devrait s’inspirer les blasés de la profession, « ça devait le faire grave » comme causent les vieux qui copient les tics des jeunes pour se croire moins vieux.
En plus, l’intérieur est mignon comme tout, reliant le contemporain et l’ancien avec à propos. Une véranda-terrasse est également à l’ordre du jour les beaux jours. Mais voilà, au fur et à mesure du repas, c’est un peu la dégringolade à cause de l’assiette. La promesse d’un bon moment envisagé grâce à tous les éléments précités si vous lisez le début n’est donc pas tenue, et on le regrette. Existe un menu à 14€ le midi en semaine.
Vu le contexte rassurant, j’ai tenté le menu à 19,50€. Avec une « salade aux foies de volaille à la crème » dont je loue la générosité. Le genre d’entrée qui pose le tableau, serviette autour du cou et tu tapes dedans. Servie tiède, rustique. 14/20. Et puis après, le « pavé de saumon ». Un pavé décongelé archi-cuit, une sauce verte avec de l’oseille qui vaut pas un rond, une timbale de riz pas salée. Du chichi-panpan orange sur le tour de l’assiette, des fois que le chef se prendrait pour Troisgros à lui tout seul. L’assiette presque pleine débarrassée ne fait pas tiquer une seule seconde la patronne qui file ailleurs tête baissée: aurait-elle un peu honte? Au cas où elle serait contrariée, qu’elle soit rassurée: moi aussi! 7/20.
Avec la « trilogie de desserts », on frise le ridicule dans un menu qui frise les 20€. On se croirait à Saint-Rémy de Provence, ce qui est presque le cas, c’est vous dire si ça vole bas: trois mini tarraillettes! Crème brûlée dure, crème au chocolat comme du flan, boule de glace vanille. Vas-y coco, prends ton pied! 9/20. Un café peut-être? Non merci. Cuisine médiocre, la carte des « poissons » étant éloquente quant à la pratique assidue du congelé: cuisses de grenouilles, gambas, seiches. Mais passons. Drôle comme la dame est infiniment moins avenante qu’au début du repas. C’est que le client, une fois qu’il est alpagué par du sens commercial avec risette, il peut plus s’échapper quand il a passé commande, vous comprenez. Dommage car le contexte est idéal pour une balade dans les Alpilles discrètes et campagnardes, celles qu’on chérit.