Une merveille de table, et n’essayez pas de me contredire sinon je me fâche. Si vous donnez avis sur « L’Eouvé », faudra y avoir mangé et après éventuellement, on en cause. Faut faire les choses dans l’ordre. Et pis c’est tout. Trop de gens parlent sans savoir. Avec Mauricette, on a mangé une nouvelle fois chez Karen et Stéphane Almela, alors on sait. Forcément qu’on sait. Le genre de table qui fait encore croire dans la nature humaine! Absence intégrale de traficotage et de cynisme néfaste. Ça marche droit dans le sens des convictions sans dévier d’un poil de kiwi de la route tracée. Où? Sur les hauteurs à deux pas du centre-village et éloigné de tout, intérieur refait de frais bien dans l’air du temps, extérieur comme un dimanche à la campagne avec graviers sous les pieds, coussins sous les fesses et parasols au-dessus des tonsures. La cuisine de Karen Favre est unique. Menu à 28€. Prix vissé depuis toujours, ce qui prouvera au suspicieux qu’il n’est donc pas indexé sur le CAC 40 ni l’indice Nikkei. Tonique « tarte fine moutarde, mozza fumée, figatelli et figues fraiches ». Curieux non? Ça fonctionne en plein, on file tranquille dans le 15,5/20. La même note pour son « tataki de thon mi-cuit au sésame ». Grande fraicheur, herboriste en diable et qui reste distant du modeux piteux. Pertinent dans le propos! 15,5/20.
Pour moi, « carpaccio de St-Jacques, tartare de mangue »: avis de grand frais, sucré et acidulé, équilibres rares et beauté fatale. Le 16/20 est approprié. Opposition de style avec « suprême de poulet Label Rouge à l’italienne, crème gorgonzola ». Dodine de belle tenue, farcie d’une préparation au basilic. Dans l’assiette creuse, fameuse crème fromagée, vous n’avez pas idée du côté gourmand! Carotte tournée, petits pois frais, betterave Chioggia, pois gourmands… signé d’un Z qui veut dire Karen. Garnitures à part, petites rates pour moi (ça va super bien pour saucer la crème gorgonzola) et patate douce au four pour la dame au chapeau vert. 15,5/20. C’est le diaaaable ce dessert! Mauricette fait une dizaine de signes de croix devant son « pain perdu madeleine, coulis caramel au beurre salé ». Bon. Après faut devenir sérieux, elle a tout boulotté jusqu’au bout, sauçant même avec un bout de pain retrouvé dans un coin de la table. 15,5/20. « Carpaccio d’abricot, glace au fromage blanc » fruité, bons abricots à maturité! Fraises, framboises, cassis, menthe sont de la fête. 15,5/20. Service enjoué de Stéphane Almela, le bon mot, le bon rythme. Dans le top 10 des adresses du BàO curieusement non reconnues par les guides nationaux dits « sérieux ». Gros talent de cuisine qui n’oublie pas l’essentiel: le plaisir de l’attablé. On en cause quand vous voulez.