Du côté de Saint-Tropez. Avec Mauricette déguisée en Brigitte Bardot comme dans « autant en emporte le temps », on mettra de côté notre légendaire rationalité dadaïste en délaissant les grands axes et en prenant la contre-allée: exit le furieux centre-ville pour ses à-côtés. C’est ainsi mes frères que nous chûmes à la table d’Anne Rolland. Dès que la dame au chapeau vert a vu la mignonne devanture colorée de la croquignolette boutique, elle a fait des bonds de Marsupilami dans la DS: « Le Trait d’Oignon chais pas si c’est bon mais au moins, c’est drôle! ». Un confort spartiate de camping qui trahit un cassage de tirelire en attendant mieux. Mais surtout une volonté de frais cuisiné au jour le jour. Une méthode de travail toute simple, mais pas si fréquente. Une cuisine traditionnelle bien d’chez nous mâtinée d’incursions de saveurs d’ailleurs! Histoire d’épicer le quotidien! Trois entrées, deux plats, autant de desserts. Le lapin à la provençale côtoie le poulet panang, lait de coco et curry rouge. Si la liste des propositions est trop courte pour vos ambitions, changez de trottoir, nombre de boutiques proposent sans complexe 20 entrées, 20 plats et autant de desserts! Bref! Formule 13,5€ et menu complet 19€, voilà l’idée! Mauricette jauge la « salade de chèvre chaud »: elle fait le ménage! Pas Mauricette, la salade.
Encore que l’assiette fut léchée jusqu’au bout. Chavignol fondant gratiné sur toast, ça change des rondelles de bûchette liquides micro-ondées. 14/20. Ce sont surtout nos plats qui amènent le joli frisson. Délicieux « wok de poulet », viande souple et colorée, légumes frais en pleine forme et surtout, un dosage précis des fameuses 5 épices. Riz basmati, ensemble copieux. 15/20. L’exercice subtil du maniement des épices et piments se confirme avec mon « tajine d’agneau ». Gigot fondant, pomme de terre du jour, jus rondelet magnifique (cannelle paprika cumin) qui porte l’ensemble sur un second 15/20. Les desserts ne sont pas la nature de la cuisinière, n’empêche que la « mousse au chocolat » est bonne et faite ici, tout comme le « flan au caramel » servi dans son grand verre. 14/20 pour les deux. Et puis Anne Rolland. Impénitente touche à tout, la petite trentaine. Têtue débroussailleuse de projets qu’elle mène à bout. Un DESS de juriste en poche, un temps au Ministère de la Culture à Paris, une vision de la nature humaine chère à Diogène… et surtout un sens aigu de l’usage des épices et aromates! Une saine humanité, souvent propre aux petits restaurants planqués. Qui m’aime me trouve!