Ah! Le fameux Poulpe… de Michel Portos teneur du non moins fameux Malthazar, de l’autre côté du Port.
Une 2ème chance sur le Port, en somme. Je me suis planté devant la porte avec ma sacoche de VRP en goguette, la tonsure décoiffée par le mistral et l’air goguenard du transparent auquel personne ne fait attention, comme si j’attendais le bus. Je fais mon poids et même un peu plus, pourtant. J’ai levé le doigt pour que la serveuse cesse de me passer devant en ignorant ma présence. Je crois bien qu’elle ne m’avait réellement pas vu. Enfin bon. « Là-bas » qu’elle me dit d’un coup en visant avec le doigt une table, la 44 pour les intimes. Le service est très long. Vraiment, beaucoup trop long pour le genre brasserie, d’autant qu’arrivé sur le tard, plus grand monde au balcon. La formule à 19€ est intéressante avec « caviar d’aubergine, œuf parfait ». C’est bon, simple comme bonjour mais méfions nous du simple: rien n’est plus compliqué! 15/20 sans hésitation, quelques feuilles de salades en prime. Plat très approximatif: « pavé de pagre, fenouil braisé, pommes de terre grenaille ». J’aime bien ce poisson qui nous change du cabillaud. Il sent un peu fort et le cœur est saignant. « Bleue » dirait-on s’il s’agissait d’une entrecôte. Pas mangeable dans ces conditions d’autant que la sauce gélifiée au citron est un défoliant pénible.
Vu l’usine, parlons d’accident industriel: 10/20 grâce au fenouil parfait. Le service s’humanise en fin de jeu, au moment du café Illy vendu « seulement » 2€ ce qui est toujours mieux qu’un Henri Blanc à 1,6€. La maison insiste lourdement sur le souvent démago « locavore », philosophie d’achat de produits locaux dérivée de l’esprit bio, économie de transport, dont moins de CO2 etc. Respectable en soi, mais autant dire qu’il vaut mieux ne pas être chef à Clermont-Ferrand si on aime cuisiner la sardine. Bref! Le chouchou des médias locaux depuis que Lionel Lévy s’est recyclé dans la cuisine d’hôtel surtarifée n’est pas loin de toucher du doigt une belle idée: cadre formidable, produits frais, prix abordable du menu du midi puisque 22€ le repas complet. Pour tout dire, la cuisine réalisée avec des produits simples, c’est ce que je préfère… quand la précision est de mise! Révélateur: pain de joli potentiel mais sec, coupé trop tôt le matin. Bref! Ni Michel Portos, ni son associé ne sont présents ce midi. Ce qui n’empêche pas la boutique d’avoir (déjà) été adoubée par une fourchette dans le Michelin. Qu’il est bon d’avoir dans ses relations un super banquier pour faire des travaux, des médias locaux à la botte et des guides compréhensifs qui enfoncent des portes ouvertes!