Le Patio

Un peu trop la pagaille, quand même.

Chaises empilées comme si c’était fermé, multiprises allongées entre les pieds de ma chaise, pain découpé sans délicatesse, ardoise « toutes nos viandes proviennent de l’Union Européenne », jeune serveur en mode baragouinage incompréhensible et mélange de pinceaux lors de la prise de commande. La boutique transpire une ambiance de routier de centre-ville, et ceux qui lisent le Bouche à Oreille savent le respect que j’ai pour le genre routier. Mais quand on lit le prix des menus, on se frotte les yeux: ils montent jusqu’à 39,90€! Ya pas de fautes de frappe! Freinage des 4 fers et marche arrière pour la formule du midi à 13,90€. De toutes façons, le marmonneur de salle pratiquant la tradition orale n’avait pas jugé utile de me filer la carte des menus! Il a du pif! Bref! Il m’annonce tant bien que mal le plat du jour: « rosbif et légumes farcis »! M’arrive rapidement trois tranches d’une viande dure comme du gnou retraité, tranches qui baignent dans une sauce dopée au fond de veau en poudre. Accompagnement, rondelles de carottes. Pas de « légumes farcis » comme annoncé.

La farce était peut-être une farce. Par contre mes petits lapins roses, les frites fraiches sont les meilleures dégustées depuis belle lurette! Huile neuve, pas de gras superflu, merveilleusement dorées et croustillantes. Elles n’étaient pas prévues au programme, une belle surprise. La note monte à 11/20 grâce à elle. Les desserts possibles ne sortent pas de la banalité, alors j’ai choisi la « salade de fruits ». Un mélange de conserve et de frais où le frais est plus mauvais que la conserve, comme la pomme vieille et farineuse. 8/20. Le pichet de rouge est compris dans la formule, il accroche sévèrement dans le tuyau surtout qu’il est chaud. Une gorgée, yeux exorbités. Ça en fera plus pour les autres. Le café n’est pas bon mais le pain très bien. Clientèle de touristes contents de tout: ils donneront leur avis sur Tripadvisor. Aussi des bureaux alentours venus s’aérer les bronches en fumant en terrasse, des travailleurs de force qui cherchent l’ombre. Ça s’appelait le « Clos Gourmand » du temps que les moins de 20 ans peuvent connaitre.