Le problème récurrent de la cuisine du Maghreb qui sortie du contexte de l’intime, se prend les pieds dans le tapis dès que le nombre de couverts dépasse la quinzaine.
« Ça le fait pas » comme on dit. D’autant que pour vouloir plaire au plus grande nombre, la direction s’embarque dans le registre traditionnel français dit « spécialités méditerranéennes »: du foie gras de canard au filet de bœuf, une douzaine de plats. Depuis le temps qu’on s’use la santé au restaurant, on sait bien que le mélange des genres nuit généralement au genre. Bref! A peine arrivé et déjà épuisé par une ambiance bruyante et agitée dépassant allègrement les 90 décibels au compteur. Du coup, j’ambitionne rapidement le plat du jour: un « couscous royal ». Mais je suis un grand professionnel et je tiens à me faire une idée précise de la boutique. Alors avant, « la traditionnelle pastilla au poulet et amandes » à la carte. Faut du culot pour prendre une entrée avant un couscous hein? Bref! Avec ce choix, j’ai vite pigé être le grain de sable dans la machinerie des plats du jour qui défilent. Elle a pris son temps pour venir, la pastilla est d’ailleurs froide. D’ici que le truc soit resté sur le passe en plein courant d’air, ya pas loin. Faut dire que question service, l’organisation stressée ressemble plus à un village gaulois qu’à l’armée romaine et dès qu’une table de filles en quête d’exotisme s’installe, trois serveurs s’y précipitent.
Autant vous dire qu’avec ma dégaine de VRP en cravates des années 70, je ne suis une priorité. Mais passons. Pastilla: feuille de brick repliée comme pour un chausson, farcie au poulet avec oignons confits et amandes, chargé en cannelle et en sucre. C’est bon, pas sec comme souvent. Bon exercice de sucré-salé. 14/20 pour 12€. Ça se gâte sérieusement avec le fameux « couscous royal ». Semoule du jour parfaite, merguez froide de mauvaise qualité avec bouts d’os et de nerf, morceau de collier d’ovin froid, poulet qui colle aux dents mais chaud, boulette agréable. Le bouillon pas du jour est beaucoup trop tomaté, trop salé, trop pimenté. Je sais bien qu’existe plusieurs recettes de couscous, mais ça fait beaucoup de trop qui vont dans le mauvais sens: 10/20 pour seulement 11,90€. Et je suppose qu’à la carte (couscous Mogador, 26€) la recette est la même. Bref! De l’approximation en toute chose, et peu de rigueur sous chaque angle. Un bien bel établissement à un emplacement stratégique. On a les vertus qu’on peut.