Le Majestic

On peut dire que malheureusement, le chef cuisine comme un tractopelle. Malheureusement car en définitive la salle ne se débrouille pas trop mal, mettant du cœur à l’ouvrage: nouveaux propriétaires. Le serveur à l’accent italien connait son job, la patronne un peu moins mais elle compense largement par une volonté souriante et très agréable. Beaux verres et nappages en tissu blanc repassé confirment une ambition qu’il faut saluer. Une ardoise, 5 entrées et une huitaine de plats augmentés de deux plats du jour, tagliatelles aux crevettes (9,9€) et entrecôte au sel de Guérande avec ses pommes sautées (13€). Et puis « pluma de pata negra ». Aaaaahhh… la pluma de pata negra… Comme tous les produits à la mode, c’est devenu un fourre-tout où on trouve le pire comme le meilleur, surtout le pire. M’arrive une grande assiette blanche rectangulaire avec des bouts de la viande rosée, mais découpée en morceaux. Elle est tellement pleine de gras qu’on dirait du phoque. Oui, je sais bien que le gout spécifique du gras de ce morceau de cochon en fait habituellement le charme, cette viande est très persillée. Mais là, c’est du mauvais gras. On est ici bien loin de l’épatant Bellota. Patates sautées en persillade archi-salées. Les feuilles de salade agrémentées de bouts de légumes sont un signe distinct d’absence de nuance et de pilotage automatique dans la garniture, sans réflexion de construction et d’originalité. Brasserie quoi. 9/20. Un dessert pour voir, histoire de tenter de monter la moyenne car ils sont sympas. Alors « tarte tatin » dont on me prévient qu’elle contient de la banane. Voilà qui rassure bien peu. Le bon côté des choses au moins, c’est qu’il s’agit indubitablement de « fait-maison ». Ardemment réchauffée au micro-onde, froide autour et brûlante dedans. Un prout géant de Chantilly-machin, des zigouigouis de coulis rouge-truc. Et de la cannelle qui se fait trop entendre: je ne suis pas sourd! 9/20. Le verre de vin rouge (bien servi) est un Bordeaux basique facturé 4,5€. Voilà. Il suffirait d’une cuisine au niveau du reste de la prestation pour que le « Majestic » sorte du registre de la banale brasserie, un peu de légèreté dans la préparation des mets et des produits de meilleure qualité.