Le couple pouvait confirmer ses prédispositions en suivant les rails rassurants d’un plan de carrière en béton dans du palace à nourrir du blasé dont ils ne voyaient jamais le minois.
Sauf que pour garder le sourire dans notre monde sévère, « faut savoir se mettre en péril » comme causent les docteurs à la télé. Qui curieusement possèdent souvent un poste dans un hôpital depuis une quarantaine d’années. Enfin bon! C’est ainsi qu’après un périple de sacrées belles maisons, les trentenaires Loïc Gaboriau et Juliette Smith ont mis la main et l’envie sur l’ex « Cassole » à Bormes. Petite salle voutée, jardin-terrasse ombragé de verdure ou l’art a également sa place, jardin comme posé dans une ruelle étagée. Quand vous lirez ça, le restaurant sera probablement complet alors attendez la fin de l’été pour rendre visite à la cuisine de ce bourguignon de naissance: il l’aime simple et gourmande. L’ardoise fonctionne à la semaine, pas d’entrées mais deux formules: 19€ le midi et 28€, plat+dessert dans les deux cas. 19€ pour moi avec le « pavé de cabillaud, purée de carottes et jus de moules ». Beau morceau avec peau posé sur un lit de moules… sans coquille, voilà rassurés les fainéants. Poisson qu’on effeuille: cuisson au cordeau. C’est si important, les cuissons. Purée de carottes fine, sauce crémée délicate qui titille de sa pointe acidulée: huile d’olive au citron! 15,5/20.
Dessert d’office: « café gourmand ». J’ai rien contre, sinon les banalités coutumières de sous-traitance décomplexée fourguée un peu partout. Du mini mais du bon fait maison, des desserts de cuisiniers qui passent à la vitesse supérieure! Une crème brûlée, une panacotta aux agrumes épicés, une mousse au chocolat finement mentholée. Le café servi dans un verre est un peu froid, dommage. 15/20. Une vraie cuisine de saison raffinée mais pas frimeuse, alors qu’elle en a les moyens! Accompagnée par ailleurs d’un pain rare. Voilà amis lecteurs, bon appétit, merci, je vous dois quelque chose? Pensez-donc: je ne fais que mon devoir utile de cobaye de restaurant, vivant de l’air et du beau temps et qui avance, un pied devant l’autre.