Le Cesar

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Nous y eûmes quelques émois du temps où la maison affichait quelques velléités à gastronomie en pratiquant une cuisine digne de ce nom.

Dans un hôtel 3 étoiles, l’affaire en était une, plutôt rare. Plus de 10 années plus tard, nous revoilà la fleur au fusil et l’espoir en bandoulière. Tous les deux se sont envolés comme un seul homme dès constat d’un accueil omni-absent. Quand ils ont vu l’état de délabrement avancé de l’outil de travail, « fleur au fusil » et « espoir en bandoulière » étaient déjà loin: nous ne les reverrons jamais. Et pourtant quel potentiel! Espace! Verdure! Et même une grande terrasse avec une grande piscine! Avec tout ce soleil, on se croirait à Puerto Los Castagnettos! Des serviettes de bains mais aussi et en ce qui me concerne à table, des serviettes papier très bas de gamme, du genre kleenex. Juste à côté des verres arkoroc. Par contre, les prix sont haut de gamme, voyez. Pas de menu. 6 entrées de 14€ (tomate-mozza) à 22€ (assiette César) et 13 plats de 14€ (lasagnes) à 22€ (pavé de bœuf sauce aux cèpes). Desserts 8€. En direct, « dos de cabillaud, poêlée de fèves et fonds d’artichauts ». Comme il fait chaud en terrasse, je croyais avoir visé un plat léger et délicat. M’arrive une horreur. Pire que la tête de Mauricette au réveil. C’est vous dire l’épouvante. Assiette creuse de cantine, plâtrée bien tassée pour bûcherons tchétchènes. Une montagne de fèves décongelées éclatées par l’eau bouillante, associées avec des lamelles de fonds d’artichauts qui touchent le fond. Sens propre et figuré.

Aucun assaisonnement, il faudrait que plusieurs Ducros se décarcassent, et encore. Ya des limites inférieures au-delà desquelles rien n’est plus possible. Dessus le truc, une sorte de rôti de poisson infect, dur et qui pisse l’eau. Du décongelé immangeable. Honteux. Pour faire bonne mesure dans le sabotage, le dealer de produits Davigel préposé aux fourneaux tartine copieusement son chef-œuvre de deux merveilleuses sauces étalées avec le doigté délicat du talonneur remplaçant de l’équipe C du Rugby Club Steaua Bucarest: flaque de sauce verte, flaque de réduction de balsamique. Le pire plat depuis le début de l’année: 2/20 et 18€. Bing. Desserts maison? « vouivouivoui: tout est maison! » qu’on me répond. Alors « tarte au citron meringuée, sorbet citron ». Tarte individuelle circulaire: ya rien à voir! Du décongelé hyper-sucré, la fortune assurée des diabétologues. Pâte molle etc. Bref: 6/20 grâce au sorbet. Et 8€ grâce à l’euro. Pas de café, merci au revoir. Ce midi autour de la piscine et dans une ambiance familiale polie, plus d’une quarantaine de clients déjeunait et batifolait. Affolant.