On a un attachement particulier aux endroits mal placés, aux adresses dissimulées. Et à l’égard des restaurateurs laborieux qui à défaut d’avoir une grosse tirelire, ont le sens du défi. Voici donc un « routier » dans la plus pure tradition repris début 2015 par une nouvelle équipe dont on m’a vanté l’existence. La décoration est récente, soignée, rouge et blanc, agréable terrasse couverte. Une jeune fille virevoltante en salle, un sympathique monsieur qui pourrait être son grand-père derrière le comptoir et un cuisinier aux manettes, cuisinier qualifié « d’étoilé » par la blondinette. Hébé dis donc ma cocotte! On ne dira jamais assez le mal que font les émissions télé genre « top chef » et consorts sur les personnes fragiles. Dans une zone industrielle loin d’être la plus excitante du canton, un chef étoilé (salarié) s’est installé. On a de la chance. Et pis c’est le michelin qui va être content: il l’ignorait! Bref! Un « buffet » d’entrées variées avec quelques charcuteries mal taillées, harengs à l’huile, feuille de vigne en conserve, pois chiche en salade, surimi-patate-mayo et un œuf mimosa dans les règles. 13/20. Deux plats du jour dont « sauté de bœuf aux carottes ». Mes p’tits cochons roses, m’arrive une plâtrée pour catcheur ukrainien, une assiette creuse qui déborde de tortellini, sorte de petits ravioli ronds farcis. Dessus, quatre bouts de viande, une olive dénoyautée, deux bouts de carottes, trois champignons de Paris en conserve. Et une sauce niagaresque traumatisée au fond de veau, indigeste. Voilà. 8/20 pour le côté copieux, impossible de finir, même à deux. Choix de dessert avec un « tiramisu poire et chocolat ». Présenté dans une vaisselle habituellement utilisée pour les banana-split. Voyez? A l’horizontal quoi. Le biscuit est bien trempé dans le café, le chocolat est du vrai chocolat, la poire fait son job mais l’ensemble est trop sucré, maladroit et tellement mal présenté. 12/20. Le café est compris dans le prix, et la demi-Badoit en bouteille verre facturée seulement 2,5€. Vu l’emplacement d’une grande difficulté commerciale, rien n’est gagné pour le nouveau propriétaire.