Testé à l’ouverture voilà presque 10 ans!
Même cuisinier aux manettes, rénovation classieuse pour un résultat bourgeois et très élégant. Et maitre d’hôtel professionnel! Enfin! Celui de 2007 était une calamité! Le nouveau en fait quand même un peu trop dans le salamalec et le mielleux. Une théâtralité poussée, l’art de la courbette versaillaise, le client est Louis XIV. Ça marche pour certains qui aiment ça, mais j’ai bien remarqué quelques avocats irrités par son insistance polie. Le reste du personnel, apprentis y compris est infiniment plus sobre et très bien. A table!
Menus 36€, 54€ et 69€. La carte: entrées dès 16€, plats dès 24€. Desserts à 10€. Et puis le midi, formules pas bêtes à 19€ et 23€. La grande majorité des clients plongent dedans. « Trois petites verrines méditerranéennes façon tapas » rapides à sortir pour les cuisines, et qui calment les pressés du midi. Un mini velouté de potiron nature, une fraction de filet de rouget émulsion fenouil, deux bouts de ce qui ressemble à de la saucisse basque chistora, rouge et pimentée. Ensemble pique-nique gentillet avec ses tarraillettes mignonnettes. 14,5/20. Mon plat est « baudroie cuite meunière, crème d’aubergines, curry mille et une nuit, petites câpres, salpicon de tomates, basilic ». Et ben dis donc… on sait tout! Assiette creuse, dressage circulaire. Petits bouts de lotte trop cuits, et assaisonnement trop timide pour se revendiquer d’influence méditerranéenne. Produits frais mais l’ensemble manque de nervosité: 14,5/20.
Le dessert rattrape un peu l’ensemble, au choix à la carte. Rare! Donc: « cannelloni biscuité, poire/pruneau au vin de Banyuls, crème au lait de bufflonne ». Je vous préviens, la précise sucrerie ne calera pas les appétits féroces, mais l’exercice a de l’allure: trois mini flutiaux en triangle dressés sur leurs pattes arrières et au centre de l’assiette la poire émondée, points de purée de pruneau au point, Tintin. 15/20. On ne m’a pas facturé le café servi dans des tasses Henri Blanc mais trop bon pour en être. Le maitre d’hôtel a réussi à me vendre un verre de vin blanc 5€ dans son flot hypnotisant de mots, laissant supposer son intégration au menu du jour. Un balèze de la vente, le gugusse. Bref! Belle table et cuisinier armé de convictions sur le métier: travail du frais, formation de jeunes, pas d’obsession maladive des photos… un travail emblématique de restaurateur, rare et pro, un peu décalé de la fanfaronnade habituelle de la restauration contemporaine. Rien que pour ça, le bon coup. Même si la cuisine manque un poil de nervosité.