Il faut s’enquiller dans l’entresol du Drugstore Publicis. Un exemple (parmi d’autres) du concept décliné par le célèbre multi-étoilé national: comptoir contemporain, confort apaisant, luxe sans clinquant, rythme d’angles droits et de géométrie réfléchie.
Des clients préfèrent le comptoir, d’autres se la jouent moins nouillorke, comme Mauricette qui préfère une table. Touristes aux yeux écarquillés en l’air, hommes d’affaires penchés sur leurs déjeuners d’affaires, grosses bourses ou budgets plus serrés qui auront économisés de longs mois. Tous ont bigrement raison! Un festival! Visiblement Joël Robuchon sait s’entourer. Comme Mauricette a gagné au loto, on s’est lancé dans le menu à 83€ avec amuse-bouche, 2 entrées, 2 plats, fromage ou dessert, café ou thé. Que ce soit le « haricot vert en méli-mélo de salade, copeaux de parmesan à la carta musica » ou le « poulpe en carpaccio, marinade minute aux épices douces et citron vert » les cuisines sortent d’emblée le grand jeu, le produit simple valorisé du diable! 17/20. Du grand art avec « l’artichaut rôti sur une purée onctueuse voilé d’un cappuccino, de pois chiche au curcuma », sans équivalent dans mes références, je reste béat devant le talent fin, 18/20.
Mauricette reste un bon moment sous le choc de ses deux énormes « langoustines en papillote croustillante au basilic ». Parfaites. Et quand la dame au chapeau vert glisse un « parfait » sur des langoustines, fallait pas qu’elles se loupent! 18/20 avec supplément de 12€ quand même. Mais quels produits! Niveau d’excellence maintenu avec les « spaghettis au homard du Maine, émulsion coralline épicée » (encore un supplément de 12€) et « merlan frit façon Colbert au beurre d’herbes » pour Mauricette: 17/20. Même jubilation avec « le riz façon risotto aux pimientos, aromatisé au safran et couscous de crucifères aux herbes glacées » ou « le cabillaud dans un bouillon épicé au gingembre frais ». Pas court de la portion, saveurs affirmées qui rentrent dans le lard, de l’audace. Encore des 17/20. Au dessert, joli travail autour du citron avec la « gelée de miel d’acacia, crème légèrement acidulée, œufs à la neige » à 16,5/20. Seul bémol avec « le fromage de nos régions »: j’attendais un plateau qui aurait été moins incongru que trois petits bouts de fromage qui m’ont fait redescendre sur terre sans pallier de décompression. Totalement décalé. Carte des vins de 40€ à l’infini avec plein de zéros. Menu midi dès 43€. Un tarif innovant pour un établissement avec deux étoiles dans le miche. Pour un cuisinier comme Robuchon catégorisé comme respectueux des traditions, voilà un joli paradoxe qui gifle les cuisiniers modeux qui se croient dans l’air du temps. Cela dit, on se serait passé de la facétie: menu annoncé 83€… facturé 84€!