Indéniablement un serveur d’exception, bienveillant et qui en toute simplicité cite du Jean Giono comme d’autres s’enfilent du pastis en faisant croire qu’ils ont lu tout Pagnol.
Le reste du personnel est souriant derrière le comptoir et même, fait de la paperasse pendant le service. Curieux. Question cuisine, faut avouer que les assiettes ont du répondant et que la cosmétique un peu poussée ne nuit pas. L’avantage d’avoir un directeur pâtissier de formation: on ne lésine pas sur les effets aux mirettes. Bonne idée que les formules tirées du menu-carte avec notamment un « craquelin de lotte bretonne, caillette de crabes, beurre blanc » du plus bel effet.
Trois médaillons de poisson recouverts de pistache-noisette-amande pilées qui font une croute un peu molle, une coupelle de chips de pomme de terre portant des tagliatelles de légumes frais, caillette aux épinards un peu trop salée, purée de carotte froide malgré une assiette chaude, et un beurre blanc délicieux inutilement pollué par du caramel de balsamique. Le tic de celui qui veut bien faire et qui du coup en fait trop. J’ai sorti mon 15/20 malgré les détails pénalisants.
Indéniablement, un cuisinier officie ici, voire deux. Car voici le « sablé de pommes caramélisées, meringué aux pignons et cannelle ». Un délicieux exercice circulaire de pâtisserie « boutique » à 15/20 qui mériterait plus si le biscuit n’était pas mou. Café parfait à tarif doux, du monde devant le comptoir, à l’étage ou en terrasse. Avant ça s’appelait « Aïgo Blanco », pour ceux qui ont la mémoire des lieux quand ils ont le nom. Et puisque « l’Antre-Deux » s’applique et nous épargne ainsi des banalités snackeuses dont regorgent la ville, citons Jean Giono que la maison apprécie: « Les sentiers battus n’offrent guère de richesse, les autres en sont pleins. »