Pas facile de prendre la suite de l’ancien taulier: il a lâché début 2016 les rênes de sa boutique tenue une vingtaine d’années.
Dans mes attributions de cobaye ambulant, le piège serait de vouloir comparer. De toute façon La Tarraillette de Jean-Marc Ferreri est incomparable. L’olibrius s’est créé une sorte de monopole en imprimant son concept dans le ciboulot du gourmand afin que les foules épicuriennes de la cité phocéenne (et autour) viennent se régaler dans ce coin résidentiel de Marseille, à deux pas du centre-ville. Bref: c’est le passé. Je ne me suis pas précipité chez les nouveaux, le temps qu’ils s’installent bien, trouvent leurs repères, effectuent les réglages… Nous voilà fin juillet: des escabeaux, des perceuses, un foutoir de brocanteur de l’Ile sur Sorgue, des chaises à l’envers et des planches dans tous les coins. Quand on a connu, ça fait un choc. Ça pourrait expliquer pourquoi tout le monde mange en terrasse. Et même, pourquoi ce monde il est venu alors qu’ailleurs, on y mange (au moins) la même chose. Désormais la maison fait des pizzas de 10€ à 14€, des salades à 16€, des carpaccios et des tartares, des pâtes, des risottos, de la Black Angus parce que à 50 ans si t’as pas de la Black Angus à la carte, t’as raté ta vie. Et desserts vendus 7€ quand même. Enfin bon. Vu la tournure et les tarifs, je me suis lâchement recentré sur un des plats du jour proposés à 12,50€: lasagnes, penne-saucisse italienne, pizza fromage et ma « bavette sauce au poivre, frites et salade ». L’assiette présente plutôt bien, mais la viande sent un peu. Peut-être le grill. Allez savoir.
Surtout, elle est très dure. Pour vous dire, j’ai cru que j’utilisais mon Laguiole de compétition à l’envers. Mais non. C’est bien la viande qui est très dure alors même qu’elle m’est servie saignante. Même en coupant dans le sens des fibres, ya comme un hic. Les frites fraiches sont taillées sur place, mais molles. L’huile est récente. Le serveur débarrasse la table sans se soucier du gros morceau de viande restant. Il doit être habitué, et pis c’est pas son problème. 9/20. Dans cette formule est compris un dessert d’office, une verrine de « fromage blanc aux griottes confites » pas bête du tout (12/20). Et un café, pas bon du tout. On se souvient avec émoi de la proposition de quelques 400 références de flacons. D’autant plus qu’on ne vous propose rien à boire. Ni eau, ni vin. Ah si. J’ai vu des grands verres de rosés avec plein de glaçons dedans. Et puis faut se lever pour aller payer au comptoir, c’est plus simple et plus rapide. Ambiance « à la marseillaise » côté direction, dilettantisme et parler fort. Je ne voulais pas comparer mais là, le grand écart est tellement intégral qu’il prête à rire. Pain d’un boulanger de voisin, remarquable.