La Table Du 8ème

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En face de l’Hôtel Mercure! Ce qui serait une bonne raison pour que la cuisine monte en température!

Car voilà: une caricature de la restauration du 8ème arrondissement mais en même temps, c’est ici et nulle part ailleurs, alors pourquoi se gêner. Cela dit je peux pleuvoir de médisance, les faits restent les faits: il n’y aurait personne dans la boutique si personne n’achetait. Or, c’est plein comme un œuf! D’un bruyant! Une affaire de famille et une machine à pognons pour bobos aisés locaux, mamis manucurées avec caniche dans le sac à main, hommes d’affaires qui exigent la table ronde, oisifs en ouic-end tous les jours. Un œuf plein où on me trouve toutefois une place. Une fois assis, le client bénéficie de beaucoup moins de salamalecs que lors de l’accueil. Le serveur est du genre à ne pas vouloir perdre son temps. Le sentant (op)pressant, je décline toute boisson. Ça ressemblait à faire la tronche. Je lui annonçais qu’il venait de prendre un PV, c’était pareil. Remarquez bien que le PV, il le mérite: je n’ai pas eu ma carafe d’eau de tout le repas. Puni! Ça lui apprendra au client! Alors? Qui c’est le patron hein? Bref! La carte: des viandes, des salades et des suggestions du jour ardoisées sur lesquelles on me pousse un peu, je trouve. Plat du jour 10,5€: steak de thon sauce aigre-doux. Bof.

Ravioles à la truffe, sole meunière, escalope de veau sauce aux cèpes, carpaccio de rosbeef et ma « tranche d’espadon à la provençale ». Servie froide et trop saignante. Bien peu glamour à la papille. Tomate provençale correcte, purée de patate bonne mais… froide. A 24€ la promenade, ça fait court de la jouissance: 8/20. Séance de rattrapage de série B avec un dessert facturé 7€: le « baba au rhum ». Le biscuit léger est régulier, le sirop tient tout juste la route, chantilly Debic en bouteille, topping caramel industriel. 7€, gonflé. Devrait les facturer à 8€, comme 8ème arrondissement: 9/20. Pas de carafe d’eau et pain sec. Vu le volume d’affaires (je cause comme le comptable) il est insensé que le pain soit sec! Bah… ya pas de petit profit, on racle les fonds de tiroirs de la veille avec les nouvelles têtes inconnues au bataillon… Pendant la dégustation folle de mon espadon saignant et une seconde fois lors de l’exécution de mon baba d’opérette, un employé viendra à droite, puis à gauche astiquer à coup de généreux pschitt-pschitt détergent les tables aux coudes à coudes. C’est vous dire ce que j’ai pris dans le pif. Pas de café, et puis quoi encore? Alors bien sûr, on me dira « ouai mais c’est pas un resto gastro, c’est un bistro-brasserie gnagnagna… ». Et?