Du style, du frais, du pas vu ailleurs. Si l’esthétique est importante, le fond de jeu l’est tout autant! Un régal de chaque instant! En chantant la Provence dans ces recettes, Stéphane Tougay pousse l’harmonie jusqu’au bout, cherche la note juste. Probable qu’au contact des produits de sa propre terre, seul un cuisinier qui y nait montre autant de sensibilité. Pour faire bonne synthèse: comme un croisement des saveurs de la Provence et d’une gastronomie raffinée. Quand on est passé par les cuisines de Baumanière, Passédat, Le Crillon, Roger Vergé à Mougins, forcément… Bref! Avec Mauricette ornée de son chapeau vert qui ressemble à un pin parasol vu d’avion, on aime beaucoup ce village discret et reposant, un peu éloigné de l’agitation des Alpilles en période touristique. Je ne sais pas ce qui lui a pris. La gourmandise rugissante, elle se jette sur le « tartare de thon au miel et citronnelle », le renifle comme un chien-truffier, le déguste petit doigt en l’air. « Extra » qu’elle dit! 15,5/20. Le classique de la maison: « tatin d’agneau aux aubergines blanches ». Arrosé d’un jus dense, solide. Cuisson, assaisonnement précis, du maison intégral d’une grand maitrise: 15,5/20.
Mon entrée est compliquée pour un cuisinier tant la recette se trimballe dans le ciboulot de toute les cuisinières provençales: « petits farcis provençaux ». Le plat casse-gueule, qu’on t’attend on tournant. Poivron, aubergine, courgette, tomate. Délicats, calibrées et en rang d’oignons mais ya pas d’oignons. Un jus du diable les relie. 15,5/20 encore, pour le culot de sortir par la grande porte du piège de la recette classique. Poisson caressé, cuisson sur le fil: « filet de loup, mini ratatouille safranée ». Quelques pommes de terre persillées à la poêle, aubergine confite, un confit bayaldi qui aurait sa place au rayon des desserts gourmands, et la gouteuse ratatouille en élégante brunoise. 15,5/20, ça devient une habitude. Les desserts ne changent pas de rythme: la devenue classique « sphère chocolat aux framboises » noir de noir ravit Mauricette! 15,5/20 et mon « nougat glacé à l’abricot », disque de la gourmandise posé sur le coulis qui sent l’été fruité! 15,5/20! Un service rodé qui n’oublie pas de sourire, une belle terrasse en saison sur la jolie place à taille humaine, une carte des vins… et si les assiettes sont des tableaux, aucune ne donnent dans l’abstrait ou la caricature. On y mange une fois, la suivante on reconnaitra le style les yeux fermés. Mais bouche ouverte, hein. Soyons sérieux. Et gourmands.