Un petit trésor du Centre-Var qu’on est heureux de retrouver chaque année. Bizarre: les guides dits « sérieux » passent à côté depuis toujours. Bizarre: les clients, non! Héhé… D’un côté la gastronomie de prestige des chouchous des médias et de l’autre, une gastronomie populaire adoubée par le gourmand avisé. Des hommes d’affaires en négociation, des amoureux en parenthèse, des retraités en villégiature, des citadins à plein poumons, des frangins qui ont des choses à régler, des voisins qui allaient chercher du pain et puis finalement, si on mangeait « Chez Nadia ». Ça se passe comme ça à Besse-sur-Issole: « La Remise » est du décor et de l’histoire. Depuis début 2015, Nadia Pesavento a transmis la responsabilité des fourneaux à Jimmy Parmentier, cuisinier connu de nos services puisque formé par Alain Pesavento lui-même, à ses méthodes de travail. Autant dire que ma satisfaction ne doit pas grand-chose au hasard. Pour autant, rien de révolutionnaire à la carte qui reprend les mêmes recettes. La maison aurait tort de les passer à la trappe! Les clients viennent ici pour le feuilleté de Saint-Jacques fraiches au Noilly-Prat, le carpaccio de saumon à l’aneth, le foie gras poêlé aux pommes sauce Madère, le filet de bœuf au poivre vert, le carré d’agneau rôti au jus de thym, le civet de sanglier, les rognons de veau à la moutarde à l’ancienne…
Alors que nombre de restaurants affichent des menus qui commencent à 29€, ici le menu le plus onéreux est facturé 29€! Bref! Approprié au moment (test en février) voici « l’œuf cocotte au foie gras ». Mouillettes obligatoires, sinon c’est pas du jeu! Le blanc d’œuf manque d’un peu de temps de cuisson, j’ai tout boulotté quand même. Et saucé. 14,5/20. On peut dire que le chef est un fidèle apôtre du style voulu par les Pesavento. Pas simple, pourtant. Démonstration avec le « magret de canard au trompettes de la mort ». Assiette très chaude (bravo!) magret rosé, flan de légumes douillet et gratin de pommes de terre d’un autre monde, le monde de « La Remise ». 15/20. Fromage, petit chèvre avec mesclun. Bon pain, verre de vin… et puis un classique ajusté de la maison: « tarte chocolat, sorbet mandarine ». L’acidité de l’agrume tranche le sucré du chocolat noir finement amer. Je suis très content de ma phrase. Et de mon dessert. 15/20. Des plats sous contrôle, une cave sérieuse à prix serrés, un service efficace et discret de Guilain Lempereur fidèle au poste, et fidèle tout court. J’ai beau faire le tour de la question, je ne vois pas pourquoi vous vous priveriez d’une virée « Chez Nadia » et sa cuisine bistrotière, goûtue comme on l’aime!
