Le printemps leur va vraiment bien, à Sonia Tallone et Patrick Haertel. Un peu comme Mauricette le chapeau vert sauf qu’ils ont le teint frais et les yeux rieurs, les heureux trentenaires. On y mange une fois l’an, toujours au printemps. Avec Mauricette, on trouverait ça bien aussi d’y manger quand tombent les feuilles et baisse le soleil, remarquez. Seulement voilà: on y mange au printemps. Parfois en terrasse, aujourd’hui dedans. Dans cette petite maison, ça sent bon et on y trouve une cuisine pleine de sens, joyeuse et spontanée. Je dis ça comme si sortir de telles assiettes était un jeu d’enfant. Bien sûr que Patrick Haertel se planque derrière des produits de grande fraicheur, de qualité très supérieure. Souvent locaux (asperges, fraises, fromages, Vincent, François, Paul et les autres) et croyez bien que ça n’est pas du cinéma! Le menu change chaque mois, augmenté de suggestions au quotidien, entrée, plat et dessert. Un terroir modernisé plein de bon sens, qui évoque la cuisine du précurseur Michel Guérard à Eugénie les Bains (40). Quand au début des années 70 il innovait en valorisant viandes, poissons et surtout légumes sans surcharges de sauces, respectant le naturel et le rendant bigrement gourmand.Mauricette se régale avec la « panacotta asperges, légumes croquants, poitrine braisée ». Pointes d’asperges, pois chiche, fenouil, radis, cébette… De la délicatesse, 15,5/20.

Du rustique avec « steak de cochon de montagne, condiment orange laurier ». Le cochon, même son gras est bon. C’est vous dire la qualité. Epatante mayo orange et laurier. 15,5/20. Mes « lentilles bio de Bertrand aux herbes, langue de cochon croustifondante ». Oignons rouges confits avec, petit jus court et gras, celui du cochon. 15,5/20. Mon plat « surprise de bœuf, brousse aux herbes ». Excellent morceau de viande (dessus de palette) à demander saignant, garniture légumière et beau morceau de céleri. Poivre, sel: produits qui se suffisent à eux-mêmes. 15/20. Remarquables desserts… pour un cuisinier seul en cuisine! Ma subtile « poire pochée au curcuma, crumble gingenbre, glace au miel de Bras » et le coquin « cake noisette, crémeux chocolat, sorbet cacao ». Deux 15,5/20. Un talent surprenant d’une grande modestie et de toute façon, Patrick Haertel, c’est pas du genre à montrer ses biscottos. Plutôt le sourire fripon et la pensée libre: qui l’aime le suive! Avec Sonia Tallone à l’accueil, vous voilà équipé d’un sacré antidépresseur si vous aussi, l’urbanité bruyante vous épuise.