Le grand soleil en terrasse ne réchauffe pas l’accueil, glacial.
Enfin accueil, faut le dire vite. Il est absent. Tout le monde s’en tape, on vous laisse poireauter debout au milieu des tables comme pour bien vous faire comprendre que nous autres, on n’a pas besoin de clients pour travailler. Et qu’on ne me dise pas que je suis seul à vivre un tel moment de solitude. Une fois assis, j’observe par deux ou trois fois le scénario à l’identique pour d’autres personnes. J’entends parfois des restaurateurs me dire que les clients sont pénibles et exigeants. Ces clients, faudrait juste qu’ils le soient dans ce type d’endroit d’un cynisme absolu au lieu de pinailler dans des endroits bien élevés. Enfin bon. Cuisine grande ouverte, les cuisiniers envoient rapide, du rôdé, du précis, de la bonne brasserie. Plat du jour 11€ milanaise 20€, assiette repas à 16€ ou 17€, pâtes entre 16€ et 21€, viande de 16,5€ (burger) à 25€ la fameuse pluma ibérique capable du meilleur comme du pire depuis que le succès commercial a démocratisé la chose, et aucun dessert à moins de 7€. Vu les prix dignes d’un restaurant dans un contexte pour gogos des bureaux, j’ai vite bifurqué sur le plat du jour. Le serveur me confirme qu’il s’intègre dans une formule. Impossible de savoir le prix, il n’est pas affiché. Pochette surprise. Alors « dos de saumon rôti, riz et salade ». Ça m’aurait fait plaisir de dézinguer ce plat casse-gueule archi-rebattu mais non. Impossible. Parfaitement cuit sur peau et coloré sur le dos, intérieur resté souple, parfaite cuisson. Saumon norvégien pas cher et trop gras… et mystérieusement surchargé en huile d’olive après cuisson! Question gras, ça redonde sec, ça fait ton sur ton, même pour du saumon. Riz basmati sans histoire, salade verte fraiche. 14/20.
Dessert de la formule au choix. Là aussi, j’attendais la boutique au tournant avec la « tarte au citron meringuée ». Pas de pot, elle est bonne mais pas maison. Un pâtissier local fait le sous-traitant (Ô Délices de Brice). Carrée, meringue italienne, appareil pas radin en beurre mais trop sucré. 14/20. La direction n’en dissimule pas sa provenance, confirmant son total détachement des codes habituellement admis de la restauration traditionnelle. Je ne prends pas de café, je vais payer, mais j’ignore le montant: « …avec le vin, ça fait 19,50€… vous n’avez pas pris de café? ». Je réponds que non, vue la marque de café. Le type ricane en tapant sa machine, puis me regarde avec un grand sourire carnassier comme s’il venait de chopper un contrat de mille milliards de dollars au nez et à la barbe de Vladimir Poutine: « le café était compris dans la formule ».