Sitôt porte poussée, on sait déjà le moment pas commun. J’entends aussi par « commun » la somme éreintante de banalités cyniques que le canton nous réserve généralement dans les assiettes. Pas « chez Stéf » comme disent ses amis. Et il en a un paquet. Ils rient, parlent un peu fort parfois au comptoir, se saluent bruyamment, des collègues de travail en bleu, des costards-cravates et des tailleurs droits, des assureurs et des maçons, autant dire une plaisante douche d’humanité. Tables avec beaux verres à pied, nappages et serviettes en tissus, siouplé. Voyez: c’est pas parce que le taulier tutoie ses ouailles qu’il se dédouane de toutes civilités inhérentes à l’exercice de restaurateur. Il est du genre vivant, Stéphan Raffini. Pas du terne et surtout pas transparent. S’il connait Miramas comme la poche de son pantalon, il connait Salon comme la poche de son Kway: il y tint quelques affaires, comme on dit. Un personnage nécessaire comme je vous souhaite d’en rencontrer chaque jour pour aimer le monde de détraqués dans lequel on vit. Avant que je sombre dans la thèse du naturalisme aristotélicien ou de la philosophie kantienne: que mange t’on? Une ardoise! Enfin pas l’ardoise: ce qui est écrit dessus! Elle ne tient pas en place, aucun menu ni formule.
Juste 4 entrées à 5€ ou 6€ (j’vous jure), 4 plats de 12€ à 17€, 4 desserts à 6€. Piquillos mousse de chèvre, œuf-cocotte croutons, galette de blette au saumon, camembert au four, blanquette de veau, entrecôte-frites maison, gigot d’agneau tomate du chef et desserts maison! Du grand frais à flux tendu avec produits achetés le matin et cuisinés dans la foulée, demain sera un autre jour. La preuve en image sous mon pif hébété: grosse générosité du « dos de cabillaud huile vierge »! Cuisson idoine du poisson, délicieux. Risotto aux champignons à gauche, fondue de poireau à droite. Je ne me souviens pas avoir mangé si peu de pain, c’est vous dire le copieux: 15/20. Dessert avec « tarte au citron renversée ». Une « meringuée » dans le désordre! Comme une tartelette de meringue garnie de l’appareil au citron, biscuits sablés plantés dedans! Dommage qu’ils soient un peu mous. Créatif autant qu’agréable, 14,5/20. Une cuisine très sérieuse pour un repas non dénué de délicatesse dans le propos. Pas vu le minois de la cuisinière, dommage. Faut dire qu’elle doit mouliner sec vue l’affluence. Bref! Table d’amis, du passé ou à venir. Terrasse en bonus saisonnier. Ah! Que j’vous dise: café long à venir, le patron s’est fait alpaguer par des amis dans une discussion. Tiens, je te l’offre, ça t’apprendra.