La Bretagne En Provence

L’hypothèse annoncée d’un éventuel AOC Bretagne dans la boutique ne passe pas tant elle en suinte avec peine quelques codes de son folklore.

Sauf peut-être ce manque de modestie criant, rarement observé du côté du romantique Cancalais, du courageux Lorientais ou du terrien Pontivien. En effet, autant la dame est charmante au téléphone lors de ma réservation, autant in situ sa nature d’adjudant-chef au féminin prend le dessus sur son amabilité de circonstance relativement commerciale. Oui, je sais: on n’est comme on n’est, on ne se refait pas. Ben voui, moi itou. Le début: entrée face aux cuisines ouvertes, à droite la mignonne salle. Des ardoises partout. C’est fou toutes ces ardoises accrochées aux murs barbouillées avec des craies multicolores! Des galettes à 15,90€… 16,70€… 16,90€… 18,50€… A la carte, les tarifs sont plus doux: de 3,90€ à 13,50€. Bon alors: laquelle? Le couple de tauliers vient argumenter à ma table. Je suis sorti de mes rails habituels avec la classique « complète » avec « La Faou ». Moi qui rêvais d’une pâte fine et croustillante aux entournures grâce au beurre (ici totalement absent) et à une température de billig maitrisée…

M’arrive une énorme galette toute molle, trop épaisse de la pâte. Le contenu est tout juste satisfaisant. Très bien: la rustique tranche de lard, j’adore ça. Andouille de Gueméné, très bien aussi. Je me demande ce que vient faire les incongrues rondelles de buchette de fromage de chèvre pas fondues, un peu de râpé, aussi. Rien d’autre, ni oignons confit ou autre préparation en opération séduction. 11/20 et 16,70€ (d’ailleurs affichée 16,90€). Et puis le vrai drame. Je demande une « beurre-sucre » à la dame un peu aride aussi. Et moi, indécrottable naïf: « avec du beurre salé hein?.. ». Elle, sans rire: « oui bien sûr, on va vous saler le beurre ». Ourgh. Elle est partie, il est trop tard. La crêpe en elle-même est supportable. Mais le beurre est à dose homéopathique et son sel est ajouté, donc. Insupportable dans un tel lieu qui revendique la Bretagne. 3€ et 7/20. Et puis trois clients très polis demandent s’ils peuvent s’attabler, il est 13h55. Mais bien sûûûr… Voilà les cartes… 10 minutes après, la patronne vient prendre la commande: « ah ben non messieurs-dames il est 14h05 et le menu est proposé seulement entre 12h et 14h ». Les gens sont partis en colère, tu m’étonnes. La dame pérorera sur la péripétie avec une table d’habitués n’osant pas moufter. Amis lecteurs, définitivement: ne vous fiez pas aux apparences. Le Var mesquin attrape-gogos n’est pas uniquement sur le littoral.