Comme c’est un peu impressionnant d’espace et qu’un choix de plusieurs entrées est possible pour le chaland, la formidable serveuse vient m’accueillir presque à ma sortie de sa voiture.

Devant tant d’attention je me frotte les mains, je suis d’un insubmersible optimisme. Du grand rare à une époque où ce genre d’effort parait désuet: bravo! Le bel endroit a (enfin) été repris. Et rénové. Grande terrasse parasolée vide de clients où il fait de toute façon trop chaud pour déjeuner, intérieur climatisé toute autant sans client, sinon une table de la famille des nouveaux proprios. Et moi, donc. Nappages, beaux verres, ouééé… La carte: 4 entrées de 16€ à 22€, 7 plats de 17€ à 22€, desserts à partir de 8€. Et un menu du midi, un seul tarifé 38€ quand même. J’vous jure. Quand de telles sphères de tarification sont atteintes, faut du niveau aux fourneaux. Mise en bouche amicale, une mini-anchoïade. Direct « à la carte » avec « jambon cuit à la braise parfumé aux morilles ». J’aurais dû me méfier du terme « parfumé ». Une seule morille, et des bouts de cèpes mous dans la sauce crémée.

Ça n’est pas le pire, loin de là. La grande assiette carrée veut faire de l’effet, ramequin tellement pataud où s’empilent un gratin dauphinois de la veille avec des morceaux de légumes bouillis vraiment pas bons. Un fatras indélicat qui essaye de se cacher sous la tranche épaisse de jambon aux bords secs et trop salés. Plat d’une très grande maladresse, comme si on m’avait refilé un fond de tiroir. 8/20. J’en étais à me dire qu’il était dommage que la nouvelle direction se tire une balle dans le pied avec cette piteuse cuisine, après avoir réalisé autant de travaux dans la boutique (chambres comprises). Ainsi que d’avoir recruté une serveuse adorable, d’ailleurs à l’image de sa très souriante et avenante patronne. Et puis un miracle, la « tarte tatin et crème fraiche d’Isigny » qui signe le pâtissier. Précise et faite du jour, la pâte ne trompe pas. Un bonheur sobre et délicat à 15/20. Mais pas de café Henri Blanc, ah ça: non merci! D’autant que son prix n’est pas annoncé. Ni celui des bouteilles d’eau. Voilà. Merveille d’endroit, outil fabuleux pour accueillir les mariages et banquets. Mais sur l’idée de « restaurant », ça reste à prouver malgré l’accueil et le service. Une promesse non tenue pour une adresse à potentiel phénoménal, rien de moins.