Quelle merveille d’établissement! Au bord de la Sorgue rugissante et surgissant de je ne sais où, une belle violence d’eau qui débaroule comme le flux autoroutier des touristes qui arrivent pour l’été! Que d’eau! Que d’eau! Maison reprise voilà peu, lifting efficace dans un registre contemporain reposant et clair. Grande terrasse, cèdres, gigantesques platanes et dedans, toute la collection Ellis, du nappage aux serviettes en coton blanc en passant par le séchoir à mains dans les toilettes. Sachant les attributs d’une véritable rigueur ainsi affichés, je pensais avoir flairé le bon coup. Seulement voilà. « S’il fallait se fier aux apparences, on n’aurait jamais mangé d’oursins » comme le disait Marcel Pagnol. Alors j’ai mangé. Formule 18€ et menu 23€ le midi en semaine. Je laisse tomber pour une carte à prix plutôt doux: prix qui vont de 15€ à 22€ sauf la côte de bœuf d’un kilo à 49€. Comme symbole d’une épatante volonté tarifaire pour un établissement de ce standing, l’eau: 3€ les 50cl et seulement 4,5€ les 75cl. Bravo pour ça. Et puis je me suis empalé sur « la côte de veau marinée aux herbes du jardin ». Quelle déception. Rien n’est gourmand, on se croirait dans une cure thermale. Encore de l’eau. Morceau de viande bien maigrichon coloré du dos mais qui pisse l’eau (Que d’eau! Que d’eau!), des quartiers de pommes de terre grenaille passés à la friteuse, et un flan d’asperge autant avachi que non assaisonné, c’est vous dire le flasque. Alors bien sûr que 18€ pour une côte de veau n’est pas excessif, mais comme le reste: ça dépend ce qu’on trouve dans la pochette surprise! 9/20. J’ai commandé le dessert en début de repas, un « parfait glacé au kumbawa et ananas confit sur son sablé breton maison ». Bel effort d’apparence pour ce dessert posé sur une ardoise. Dressage rapide qui essaie de faire illusion. Base sablée au beurre acre (vieux), rondelle d’ananas au-dessus duraille, et la glace au gout caractéristique de kumbawa comme chapeau. 10/20 pour 8€. Le service est complètement à l’ouest, se marche dessus, balance en touche, dégommage des collègues entre-eux. On met une plombe à m’amener la note finale vu que c’est l’autre qui devait la faire. Cure-dent amené avec les doigts. Bouteille de vin débouchée pour une table de 4 trop étroite posée sur une chaise en bout de table, pain sec car trop coupé en avance. Et puis plein de clients Groupon aux attitudes de VIP privilégié qui se font bananer! Toutefois beaucoup moins que le client « normal » qui paye plein pot.
