Ça nous ferait presque croire que quand les hommes vivront d’amour il n’y aura plus de misère comme dit le chanteur. En terrasse, un patchwork de clients qui communient ensemble devant des grenouilles à la provençales ou la daube de sanglier, devant l’omelette aux cèpes ou la sole meunière. Des alsaciens un peu rouge sous le soleil, des américains un peu pressés, de fidèles villageois qui s’agrippent chaque semaine au même plat, des copines qui parlent fièrement du p’tit dernier en sauçant le plat, des marcheurs qui repartiront (peut-être) après leur festin, des ouvriers en repos du guerrier, des artistes connus et toutefois discrets, des grands patrons venus signer des contrats à l’abri des projecteurs… bref: le monde! Le monde de la maison Borello. Comme une jonction idéale entre un village où la nature a gardé ses droits et le meilleur de la civilisation. Malgré son accoutrement et son chapeau vert Mauricette fait partie intégrante de la civilisation. Chaque année ici, elle fait se poiler les canards et les moineaux qui chahutent dans le Réal-Collobrier, juste sous la terrasse. Ça leur fait de l’amusement. Hors d’œuvre avec « terrine maison » fameuse, pas grasse du tout. Pas traficotée par Justin Bridou et ses copains.
Le jambon cru est délicieux, taillé à l’instant, du caractère. Un mélange de salade avec parmesan. Trois entrées pour le prix d’une et un 14,5/20 pour l’ensemble! Quoi de plus élémentaire qu’une omelette? Pas grand chose. Quoi de mieux que « l’omelette aux cèpes » de Sébastien Borello? Pas grand chose non plus Lulu! Comme pour quatre alors qu’on est deux! 14,5/20. Mauricette file un vrai béguin avec son « faux-filet » aussi saignant que charolais, patates au four. 14,5/20. Plat du jour pour bibi avec un surprenant « poulet fermier sauce à l’ail ». Je vous préviens les copains, ne vous attendez pas à un indélicat ail puissant et défoliant! Tout le contraire! Gousses d’ail fondantes, sauce crémée du diable, chair du poulet tonique. Mérite un 15/20 pour la volonté de proposer des produits de qualité dans des petits menus. Passage obligé: « crème de marron de Collobrières, fromage blanc ». C’est bon comme de manger du Roquefort à Roquefort-sur-Soulzon ou de boire du Beaujolais du côté de Brouilly chez le vigneron Patrick Cotton. 14,5/20. Cuisine traditionnelle généreuse, qui claque la porte au nez des VRP en poudre de perlimpinpin pour gogos suiveurs de mode. La maison Borello est la meilleure des approches thérapeutiques s’il vous arrive de perdre parfois le sens de certaines valeurs.