Au dos de la Préfecture. Un restaurant d’étage avec accueil sur le trottoir-terrasse prêt pour les beaux jours, bonjour monsieur qu’elle dit la dame, c’est en haut, je vous en prie.
A l’étage sur la moquette, accueil feutré d’une autre dame secondée en salle par un tonique jeune homme. Asseyez-vous là, le dentiste va s’occuper de vous. Des nappages en coton blanc mais des serviettes en papier, des bouteilles d’Orezza alignées sur une console et d’autres signes ostentatoires de l’appartenance de la maison à la communauté Corse. Si tu piges pas, c’est que t’es sourd des mirettes. La clientèle cravatée est bien élevée, avec beaucoup de cheveux blancs quand ils en ont encore pour les hommes, coiffures sunsilk années 70 et talons hauts pour les dames qui le valent bien. Des politiques, des avocats, des les deux à la fois… Ça cause de Délégation de Service Public et de marchés négociés entre la poire et le café, et quoiqu’il en soit, tutoiement de rigueur et bise à la patronne en partant. Bref! Une ardoise avec la douzaine de plats mélangées avec les entrées qui n’en sont peut-être pas: burrata des Pouilles, bœuf mariné en salade, charcuterie corse de Corse (sic), tagine d’agneau, dos de cabillaud sauce vierge, pluma ibérique polenta… Après réflexion, je souhaite les « cannelloni à la daube » à 15€.
La dame revient prendre commande et me dit que yapu. Ah. Tagine non plus. Ah. Alors direction la « Côte de veau limousine du Limousin » à 23€. Et puis la dame, adorable, rerevient me signaler que finalement, « il reste un cannelloni ». J’étais content. J’apprécie vraiment la démarche de cette dame, et tant pis pour ma côte de veau. Le professionnalisme n’est pas ailleurs. Bref! Alors? Ces « cannelloni à la daube »? Ils sont bons. Copieux comme pour deux, très chauds et c’est tant mieux dans leur grosse cassolette sortie du four, gratinée. L’agréable est dans la générosité, la simplicité du plat qui ne donne pas plus que ce qu’il peut. J’ai tout fini avec le sentiment du devoir accompli. 14,5/20. J’ai poussé au dessert par curiosité avec le « baba au Rhum ». Biscuit pas maison imbibé d’un sirop terne, chantilly banale pas maison non plus. Seuls les raisins secs blonds signent le souvenir: 12/20. Et 8€, très cher pour ce que c’est. Collec’ de flacons aux tarifs adaptés à la clientèle, et café Henri Blanc mieux que de coutume. Je suis parti avec 30€ en moins dans les fouilles et mon imperméable sur le dos, mais aussi avec un grand « au revoir » de la patronne hurlé dans l’escalier. Drôle d’ambiance.