Campagne arrière au village, vieilles pierres et grands arbres veillent au grain sur la Maison Pastorello: elle abrite depuis quelque temps une table dégourdie. J’explique. Le bruit court comme quoi les fournisseurs-coopérateurs mangent dans leur propre restaurant! On n’est jamais mieux nourri que par soi-même! L’idée fonctionne bigrement depuis l’arrivée d’un drôle de cuisinier, du genre qui a des choses à dire sans se prendre pour un cador de la sauce. Tom Olek, qu’il s’appelle. Entré naturellement dans les pantoufles de l’ambitieuse philosophie de la maison: produits d’hyper-proximité, raisonné ou bio, liquides ou solides. Ne pas oublier d’être heureux, c’est important. Autant que nourrir ses contemporains, remplir leurs ventres. Avec Mauricette qui sait bien que le bon produit ne suffit pas à la faire grimper aux rideaux, on a parcouru l’ardoise et ses recettes qui donnent envie. Sous nos gros nez de cobayes itinérants, elles pètent la santé! Couleurs et mises en forme! Originale « tartelette polenta et chèvre frais », le végétal s’impose. On le sentait venir! Salade verte tombée du nid, betterave rouge pour la couleur, sésame, aneth, cocasse tartelette de polenta garnie de chèvre. 14,5/20 pour seulement 5€. Itou pour mon « œuf poché sur fondue de poireaux ». Adroite du canif, la dame au chapeau vert m’a même taillé des mouillettes sur mesure! 14,5/20 et 6€!
Pourtant indécrottable carnassière, Mauricette s’entiche d’une « déclinaison végétale ». Un panel de légumes du moment, chou rouge, boulgour, petits pois et carottes qui méritaient sans doute une cuisson moindre, galette de tofu aux légumes. Les accrocs au sel et poivre devront jouer du moulin mais au moins, les légumes ont le gout de ce qu’ils sont. 12€ et 14,5/20. Excellente qualité de viande avec le « gigot d’agneau de Greg » de Gonfaron, nourri dans la plaine des Maures. En v’là un qui n’a pas fait trois fois le tour de la terre en avion! Tranche confite, je m’attendais à rosée. Tout boulotté d’autant que le chou rouge est bon et le gratin dauphinois remarquable. 14,5/20. Desserts créatifs avec notamment le « moelleux chocolat-menthe » avec amandes et… comment s’appelle ce petit agrume acide… qui fait faire la grimace quand on le croque… kumquat! 14,5/20. Et une « mousse choco-banane ». Mousse épatante d’un chocolat comme on en rêve, banane discrète. 14/20. Loin d’être un club fermé (c’est même tout le contraire) « Ecce Terra » est une bonne table souriante et militante, où l’assiette est support convivial pour se réunir: d’expositions, animations, rencontres culturelles. L’occasion de manger bon et sain: indispensable dans notre monde agité qui se cherche des repères.
