Une belle idée, la volaille. J’adore la volaille.
Et puis c’est malin: le concept dédouane le viandard invétéré des gros yeux de l’urbanité boboïsante qui voit d’un mauvais œil les côtes de bœuf et autres tartares saignants. Bref! La réservation par téléphone augurait du meilleur. J’arrive à 13h10 au lieu des 13h prévu. Pas de quoi fouetter un chat ni plumer une poule. Ils sont trois en salle, ne se précipitent pas: sont cool « Chez Papa Poule ». La serveuse est joviale, fait des gestes avec du bruit, me serre la main comme si j’étais une relation de longue date, puis m’installe au coin vers la porte sur un tabouret. Au piquet. J’ai pas moufté, on m’aurait traité de mauvais coucheur. La carte. Un menu complet du jour vendu 18,50€.
L’entrée « velouté glacé, petite salade de radis » est soldée. Apu. Le plat du jour reste possible. Dessert « banoffee » je sais pas, on verra. « L’entrée du jour est épuisée » m’avoue confusément la brunette de service. Reste deux entrées à la carte. Trois plats possibles ensuite, sauf le « Globe-Trotter ». Moi aussi, je suis déjà épuisé, je vous jure que le tabouret sans dossier pour mes fesses sensibles est un calvaire. Bref! Direct le plat du jour: « poulet au fenouil » me dit-on. Assiette copieuse, fenouil très bien cuisiné, confit dans le jus. Patates grenailles desséchées et la belle cuisse de poulet, un peu ferme. M’enfin j’ai du mal: ça sent le court bouillon alors que je rêvais de grillé qui croustille. 12/20. J’en peux plus de ce siège. Je m’apprêtais à demander autorisation de rejoindre une chaise réglementaire devant une table réglementaire: la moitié de la salle est partie. Sauf qu’une table punie dans les mêmes conditions d’installation initiale me devance. C’est idiot je sais, mais j’ai pas osé demander derrière.
J’allais finalement choisir le dessert du jour, « banoffee ». Oh tiens? Yapu! Comme c’est curieux? Pour 6€, j’ai pris un dessert de sous-traitance noble, un « baba au rhum » de Sylvain Depuychaffray le fameux pâtissier marseillais glissé dans tous les bons coups médiatiques. Sirop mesuré, brunoise d’ananas sous la crème fouettée ajustée. Un dessert de pâtissier-boutique bien élevé, pas de gourmands accro au baba au rhum. 14,5/20. Le taulier assume cette sous-traitance avec une belle honnêteté, alors même que sa carte de visite rugit « cuisine familiale et 100% faite maison ». Enfin bon. La demie-Badoit en bouteille plastoc vaut 2,5€ mais surtout, elle n’a pas de bulles. Rien bu, sinon la première gorgée de blême. Je paye, merci, au revoir. Peu après en lisant l’ardoise en devanture, j’apprends que le plat du jour était « poulet rôti, crème d’ail »… et qu’on m’avait refilé le plat du jour d’hier. C’est vraiment dommage, on aurait pu s’aimer comme des fous.