Titre en jeu de mots: il s’agit d’une crêperie. Qui remplace depuis peu l’ex « Armorik ». C’est rigolo car avec sa dégaine d’ex-comptable recyclé dans l’art de la galette, le monsieur de l’accueil dénote. Et moi j’entre plein fer dans le préjugé. En définitive, il se trouve que ce monsieur est vraiment épatant, à l’écoute, très à l’aise dans sa mission. Derrière le comptoir dans aire de jeu ouverte et propre comme un sou neuf, Madame joue la cuisinière coquette avec son collier de soirée et son chemisier léger. Ce qui est imprudent, tous les chefs vous le diront. Et pour lui tirer un demi-sourire, faudrait lui faire boire un tonneau de cervoise. Enfin je suppose, j’ai pas essayé. Conforme à la bougonne bretonne! Cohérente dans la thématique! Bref: je suis content d’avoir affaire au monsieur en salle! Le menu à 14€ n’est pas vraiment une affaire. Alors à la carte. Mauricette la joue la prénommée « Campagnarde » avec emmental, bacon, fromage de chèvre, oignons et crème fraiche. La farine de blé noir est de qualité, mais l’ensemble est un peu terne à l’image de la tranche de lard non poêlée, blanche. Ballot car impec’ se sobriété et j’aime ça! 8,5€ et 12/20. Perso, je suis un indécrottable de la « Complète »! Emmental, jambon, œuf! Même constat que pour Mauricette ou presque! Pâlotte, pas assez croustillante sur les bords. Son jambon c’est du bas de gamme en sachet, plein d’eau et polyphosphaté. Pas de méprise: je ne parle pas du physique de la dame au chapeau vert en mini-jupe au mois de janvier! 7,5€ et 11/20. J’ai poussé jusqu’au sucré avec la crêpe « beurre-sucre ». Tout y est, elle est agréable. Manque ce généreux, cette tonicité, cette volonté de foutre à la porte de la boutique le comptable qui pèse les ingrédients au gramme: radin en beurre (demi) salé. 3,5€ et 13€. L’échoppe est grande comme un mouchoir de poche, une dizaine de tables dans un cadre contemporain exonéré du tralala habituel des crêperies « tradi ». Et malgré la sincère volonté du patron de satisfaire sa clientèle, le manque de sentiment et de tempérament des assiettes est encore plus bruyant que les vagues de l’océan qui tempêtent Guilvinec. Dommage.