Un sentiment très partagé. La boutique est toute mignonne, déco façon Luberon qu’on retrouve communément dans les magazines brillants, je veux dire les pages. Un peu rigide, la patronne sourit dans une mécanique comme forcée par le minimum syndical obligé de la fonction. Ah moins qu’il ne s’agisse simplement d’un comportement blasé et lascif, ya les mêmes à St Tropez ou St Rémy, on connait. Question assiette, la prestation n’est pas ridicule, loin de là. Formule 16,90€ et menu complet 19,90€. Rien d’autre. Mais deux entrées, trois plats et deux desserts. Ça plait de plus en plus, les cartes courtes comme un haïku. Ça donne confiance, ils le disent à la télé. « L’oignon de Simiane confit et sa petite tranche de bœuf », entrée rigolote mais c’est parce que j’adore l’oignon. La viande froide du genre rosbif joue le jeu du plat d’assemblage. Il a fallu que le cuisinier balance sur l’oignon une sauce chargée en fond de veau, genre qu’on trouve dans les restaurants chinois comme cache-misère d’un sous-magret trop cuit. Nul. 10/20. J’adore ce morceau de la volaille: « suprême de volaille au jambon cru, petits pois frais à l’étuvée, carottes, courgettes ». Si les légumes colorés pètent la forme notamment la courgette ronde jaune, la viande est terne. Un moulage de simili-volaille. Dénommer ces deux quenelles farcies « suprême » est une faute de gout plutôt rare pour un vrai cuisinier, s’il existe le cuisinier! De la purée de blanc de volaille moulée. 11/20 grâce aux légumes. J’ai observé les desserts aux tables voisines, j’ai donc décliné la proposition de terminer mon repas sur une note sucrée… mais elle sera acide! Au bilan global rien d’excitant! Un menu « pas cher » qui slalome entre produits frais et préparations industrielles avec des recettes qui se voudraient originales et qui manquent d’à-propos, trop fébriles. Elles sauront à coup sûr séduire une clientèle toujours en quête de romantisme échevelé et de belles histoires à écouter. C’est ainsi que l’hiver prochain devant la cheminée et dans un long soupir commun, Jean-Charles et Jacqueline de Pontault-Combault s’adonneront au feuilletage lascif des pages bien repassées d’un catalogue de papier glacé évoquant le souvenir brûlant du Luberon de leurs congés payés où ils se sont tant régalés.