Depuis mai 2016. Pour dérider Pertuis et son marasme culinaire, fallait pas y aller avec le dos de la cuillère.
Alors bravo à la direction de savoir fédérer une clientèle qui s’enfuit généralement sur Aix pour se taper la gamelle. Salle claire, décoration vintage néo-industrielle bien dans l’air du temps. J’ai vu plein de clients sourire aux lèvres assis en terrasse, des copains et des copines, des avocats et des médecins, des retraités et des désœuvrés attirés par l’activité joyeuse et la curiosité de la prestation. C’est qu’elle est fort curieuse, cette prestation. Comme fallait faire monter la mayonnaise, la direction a mis du sens en filigrane: ça sera le bio et le local sous des airs décontractés urbain, tendance bobos appuyée. Bien joué, Amédée: ça fonctionne! Petits prix (nous sommes à Pertuis) et le tour est joué!
Menu-carte 18€ avec du choix. Avant de prendre ma fourchette, faut que je vous explique: les cuissons sont… à la vapeur! Les plats sont préparés à l’avance dans des barquettes exposées en vitrine comme dans un self asiatique, puis passés dans le fameux four vapeur haute-pression aux yeux de tous qu’on dirait la machine de la locomotive de Jean Gabin dans « La Bête Humaine »! Entrée qui fonctionne: « œuf cocotte au saumon ». 14,5/20: je me suis régalé moi qui m’attendait à du terne. Patience, il arrive le terne. Avec le « filet mignon de porc « salé-sucré », légumes bio et trofie ». J’avais choisi le poulet miel et moutarde, mais on est revenu me dire que yapu. Faut dire qu’au service avec tout le monde qui s’occupe de tout le monde, ça ressemble plus à un village gaulois qu’à la légion romaine. Mais passons, ça fait partie du concept décontracté. Alors, ce « filet mignon de porc « salé-sucré », légumes bio et trofie »? Comment qu’il est? Bof. Blafard, plat. Les petites pâtes sont rigolotes, le légume rare, et la viande cuite à la vapeur, c’est pas bon. Ça fait cuisine d’hôpital. Vers la fin car j’ai faim, la dame vient me disputer comme un gosse à qui on l’a maintes fois répété: « fallait mélanger l’ensemble ». Terribles, ces parents. Bref: les limites de la cuisson vapeur. 11/20.
Dessert, histoire de faire le tour. J’aurais dû m’abstenir de la « génoise roulée au lemon curd ». Une rondelle sans vie, un pet de chantilly, trois pistoles de chocolat noir. Du bricolo radin, c’est mieux ainsi car ça en fait moins. 8/20. Je m’en tire pour 18€ avec café et bouteille d’eau en plastique. On a vu pire question tarification. Séquence poilage: le logo bio en gros « AB » est collé à côté de la machine Nespresso. Ou les limites des convictions et l’opportunisme de marché. Cela dit, « le Canard Enchainé » est disponible à la lecture.