Une imposante bâtisse comme un ancien relais de poste en bord de route qui accueillerait les voyageurs en transit. Des routiers en semi-remorque, VRP en camionnette, retraités en goguette, copines de bureau, costauds de chantiers, cravatés en négociation. Ils sont de plus en plus nombreux à s’attarder et revenir pour faire de cette étape leur favorite à l’heure des petits ou des grands creux. Même que ça commence tôt le matin puisque quelques courageux du macadam avaleurs de kilomètres se déchainent sur quelques assiettes. Y a pas d’heure pour les braves! La formule est simple et directe, ne va pas chercher midi à quatorze heure: 13,50€ pour un menu avec le coup de patte d’un chef qui comme on dit dans le milieu de la sauce, en a sous la pédale. Cuisinier de l’ombre à la belle époque de « Fonfon » au Vallon des Auffes à Marseille, et même recruté par le fondateur Alphonse Mounier, Jean-Marc Virenque n’est pas un perdreau de l’année mais pourrait vous le cuisiner les yeux fermés, le perdreau. Si l’idée non saugrenue de vous offrir une bouillabaisse vous sautait sur le désir, n’hésitez pas une seconde à lui commander: c’est un as de la chose et vous vous régaleriez! Bref! Entrée du jour, aumônière à l’auvergnate.
Je choisis toutefois le « buffet d’entrées » est conforme: du frais, du cuisiné et de la cochonnaille. Mention pour les carottes et le céleri râpés, les pois chiches au cumin, les pennes rigate colorées, les champignons à la grecque, les harengs à l’huile. 14/20. Choix cruel: jambonnette de dinde confite? Escalope de saumon à la fondue de poireaux? Tripes à la provençale et pomme à l’anglaise? Les tripes! Je me suis régalé comme un petit cochon! Et le bon pain en ajoute au plaisir! 14,5/20! Choix de desserts mais c’est avec une belle tranche de « flan au café » que je conclus! Le genre de dessert qu’on ne trouve plus que chez une vieille tante ou une grand-mère! 14,5/20! Le café est compris dans le menu, et le vin aussi. Les serviettes en tissu également. Le sourire de la patronne parfois, mais ça dépend de son humeur… généralement bonne. Cette année encore, l’adresse marque des points malgré la modestie du propos et ses recettes sans traficotage qui vont à l’essentiel et qu’on applaudit… la bouche pleine! Ainsi que vous le remarquerez mes frères, la partition de la restauration populaire de qualité n’est pas jouée exclusivement par des matadors de la soupe déguisés en bête à concours télévisuelles et autres aspirateurs à médailles. Assurément.