Deux années, peut-être trois que la célèbre adresse a été reprise en main.
On en vient à regretter les précédents proprios qui faisaient un meilleur boulot. Avec Mauricette, on observe que l’énergique service s’en tient à l’idée de brasserie qui dépote et qui n’a pas de temps à perdre. Question cuisine, c’est pareil. C’est vous dire l’obsession de rentabilité. Bref! Bondé, ce midi. Faut dire que la stratégie tarifaire est adroite, la décoration faite pour plaire malgré le contexte coude à coude obligé. Avalanche de décibels dans les esgourdes! On se sent plutôt bien même si question ambiance italienne, c’est pas les gondoles à Venise. La carte des plats violone sec de la prose mais au fond, la banalité est de mise. Rien que dans la formule express du midi vendue 13,20€, 8 plats et 5 desserts.
Avec Mauricette, on a zappé les préliminaires. Droit au but! Forza Italiaaa! La dame au chapeau vert vise « penne aux supions à la provençale ». Sous-titré: « supions poêlés avec des oignons, déglacés au vin blanc puis mijotés dans une sauce tomate légèrement pimentée ». Les pennes sont des « rigate » rayées, et elles ne sont pas maison. Mais le gros souci, c’est que ce plat est d’une tristesse à mourir. D’un grand banal ménager! Pas de nervosité, aucun talent particulier sauf celui d’arriver à vous faire dire « je fais pareil à la maison ». A 13,20€ la dosette radine et affligeante, ça fait cher le kilo de pâtes. 8/20. Pas mieux ou si peu avec « tagliata de bœuf à la florentine ». Une « pièce de bœuf poêlée saignante avec du vinaigre balsamique, servie en lamelles sur un lit de roquette et copeaux de Parmesan ». Rumsteck ou rosbif, la viande brûlée sur un côté est coupée avec la délicatesse d’un bucheron roumain alors qu’on peut s’attendre à un peu de délicatesse dans la découpe. Salade en sachet, tartinage de crème de balsamique sur les copeaux du fromage qui semble désolé. Quand on connait les qualités du véritable balsamique, on pleure. 9/20 pour 16,80€. On repleure.
Les desserts sont finalement la bonne surprise. La dame au chapeau vert s’amourache de son « tiramisu au café et au Marsala » dans une épatante version solide. Elle aurait entendu Pavarotti dans « e lucevan le stelle » si on ne frôlait pas les 90 décibels au compteur dans la piaule à cause du boucan cumulé de la populace affamée et de la musique forcée. 14,5/20. Mes 3 « cannoli siciliens aux agrumes de clémentines » tiennent la route, croustillants (signe d’un dressage minute) et accompagnés de chocolat chaud. Du vrai, pas celui de contrebande, le faux en bouteille. 14/20. « Al Dente » Toulon: un chaud-froid culinaire capable du pire et du meilleur, une bruyante usine à tickets-resto, et une remarquable efficacité comptable. Ce qui nous ferait plutôt plaisir si la cuisine était moins calée sur des principes qui transpirent le marketing froid et les méthodes des franchises pompes à fric, toujours trop chères pour ce qu’elles sont.